Eglise française réformée de Bâle

La Pâque de l’Eternel

Ostern Auferstehung: Foto eines Bildes, gemalt von Martin Peier (Foto: Martin Peier)

Suzanne Schild nous raconte comment
la fête de Pâques est célébrée au Cameroun
Evelyne : Comment célèbre-t-on Pâques au Cameroun ?

Suzanne : Pâques est la plus grande célébration chrétienne en Afrique. Elle est plus importante que Noël. Pour la majorité des Eglises issues de la Réforme, la préparation de la « pâque de l’Eternel » se fait sans le Carême. Cette fête n’est pas seulement joyeuse, elle est aussi l’occasion de profondes réflexions, d’enseignements, d’intercessions. Les festivités commencent aux Rameaux et durent toute la semaine sainte.

Michel :
Comment se déroulent ces jours de fête ?

Suzanne
: Le dimanche des Rameaux commence avec un culte festif. On se rend à l’église avec des branches de palmier. Les enfants jouent l’entrée de Jésus à Jérusalem en théâtre. Ils mettent en scène les évènements tels qu’ils sont racontés dans les évangiles. Les catéchumènes récitent des versets bibliques. Le culte est bien sûr suivi d’un grand repas.
Ensuite, le lundi, on jeûne de 6h jusqu’à 18h. Chacun prie dans son quotidien et à 17h on se rend à un culte où l’intercession prend une place centrale. Chacun peut apporter ses intentions de prière pour les gens en difficultés, les personnes malades et toute autre préoccupation. Ce culte est suivi d’un enseignement biblique puis d’un repas partagé. Dans certains villages, ce déroulement est répété tous les jours de la semaine sainte
.
Evelyne : Jeudi Saint est-il célébré de manière particulière ?

Suzanne : Chaque jour de la semaine sainte a son thème particulier. L’idée est de suivre la dernière semaine de Jésus selon les récits bibliques. Nous avons hérité cela de la mission.

Michel : Le Vendredi Saint est-il un jour congé ?

Suzanne : Vendredi Saint est aussi un jour très important. C’est le dernier jour de jeûne. C’est un jour de deuil où l’on ne travaille pas. On suit le même déroulement que les jours précédents. Samedi est réservé à la retraite spirituelle pour toute la communauté. Tout le matin, on suit donc des enseignements bibliques appro fondis, des séances de prière, on réfléchit sur sa vie personnelle et sur la communauté. Certains pasteurs commencent cette retraite spirituelle déjà le jeudi saint ! Chaque diacre, ancien ou pasteur dirige un groupe de prière. Il y a une ambiance intense de concentration, de tristesse et de joie.
L’après-midi de Samedi Saint est consacré aux préparatifs du dimanche de Pâques. Il y a l’église à préparer, ainsi que les baptêmes, confirmations et consécrations qui auront tous lieu au culte. Tous les candidats doivent être examinés avant d’autoriser leur accès à la Cène.

Evelyne : Et comment se passe le dimanche ?

Suzanne : Dimanche, tout le monde se réunit dans la grande chapelle centrale pour célébrer la « Pâque de l’Eternel » comme on dit. Habituellement, les communautés sont réparties dans des petites chapelles locales, dans les villages. Mais le dimanche, on se rassemble au lieu central et tous ensemble célèbrent un culte de Pâques très long, avec plusieurs chorales et beaucoup de baptêmes, de confirmations et de consécrations. Tous revêtiront de nouveaux vêtements, par exemple les baptisés seront habillés d’une robe blanche pour symboliser leur mariage au Christ.

Evelyne
: Les enfants ne sont donc pas autorisés à participer à la Sainte Cène ?


: Non, ce n’est qu’après la « première communion » que l’on peut parti ciper à la Cène. Avant de pouvoir faire sa première communion, on doit suivre une préparation catéchétique. Qui n’y participe pas ne sera pas admis à la Cène. La Cène est célébrée très différemment au Cameroun qu’ici. Par exemple, elle est moins fréquente, elle n’est célébrée que tous les trois mois.

Michel : N’y a-t-il pas là un risque de légalisme ?

Suzanne : Cette pratique se base sur l’apôtre Paul qui enseigne qu’il faut se rendre à la Cène avec un cœur pur. Il s’agit de prendre au sérieux ce sacrement, cela a aussi un côté éthique. On peut par exemple dire à la communauté que l’on a besoin d’une prière pour accéder à la Cène. Ainsi, on est réconcilié avec soi-même et avec les autres et on peut participer à la Cène le dimanche suivant.

Evelyne : Ces séances de préparation à la Sainte Cène ou d’examen de candidats avant Pâques peuvent-elle susciter des conflits ?

Suzanne : Bien sûr ! On se prépare pendant trois ans pour devenir diacre ou ancien d’Eglise. Ce sont deux ministères importants, car les diacres et anciens sont envoyés dans les villages pour assurer le culte. Ils ont l’autorisation de célébrer tous les actes ecclésiastiques à part le baptême et la Cène. Il faut donc qu’ils soient bien préparés et surtout qu’ils aient des caractères fiables. Pendant leur pré paration, ils sont observés de près et reçoivent beaucoup de remarques sur leur comportement. Donc si après ce parcours un candidat est refusé, cela peut bien sûr créer des déceptions de part et d’autre.

Michel : Te souviens-tu d’une Pâque particulière ?

Suzanne : Toute petite, je faisais déjà partie du théâtre des scènes de Pâques. J’adorais monter sur scène et réciter des versets. Mais je ne comprenais pas tout à fait cette fête : « Quelqu’un est mort, pourquoi tout le monde est-il joyeux ? » Mon grand-père m’a dit : « Tu sais, un jour tu apprendras qu’il faut mourir pour pouvoir vivre et grandir. Cela fait partie de la vie ».

Michel : Y a-t-il quelque chose qui te manque dans la manière de célébrer Pâques ici ?

Suzanne : L’imposition des mains me manque. En Afrique, les gens croient que les mains d’un pasteur peuvent guérir. L’imposition des mains est un geste important pour les croyants. Ici en Europe, cela ne se fait pas du tout dans les Eglises réformées.
Les retraites spirituelles avec des enseignements bibliques me manquent aussi. Elles offrent la possibilité de discuter beaucoup plus en profondeur les Ecritures que lors de la prédication au culte. Je remarque ici que l’examen de conscience se fait plutôt intérieurement et individuellement, pendant que l’on écoute la prédi cation. Au Cameroun, cela se fait plutôt de manière explicite et en communauté, notamment lors des retraites spirituelles.

EZ, MC et SSch

Autor
Céline Hauck

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